COURS DE VOCABULAIRE PAR BRYAN MANGIN

鹿科の単語 - Les cervidés

Introduction

Nouveau cours de vocabulaire sur les animaux et j’ai envie de vous présenter un animal, un seul, que j’aime tout particulièrement: le cerf. Ce cours portera donc sur les cervidés. Si vous suivez le programme, vous savez déjà comment se disent et s’écrivent les mots "cerf" et "faon" en japonais. Si vous vous contentez des cours de vocabulaire, c’est l’occasion de découvrir des mots nouveaux.
Rien de difficile. Peu de nouveau kanji. 21 mots à apprendre.
Notez que la plupart des mots ont une prononciation purement japonaise mais j’ai retranscris ces prononciations en katakana car c’est souvent ainsi qu’ils sont écrits à défaut d’utiliser les kanji.
À la suite de ces mots de vocabulaire, je vous ferai un court exposé sur les forêts au Japon, la symbolique du cerf sika, le parc Nara, célèbre pour ses milliers de cerfs et la figure du cerf dans la pop culture japonaise. Enfin, nous terminerons avec quelques explications sur quelques mots de la liste.

単語. Vocabulaire

鹿 . シカ . le cerf
日本鹿 . ニホンジカ . le cerf sika
赤鹿 . アカシカ . le cerf élaphe
ミュール鹿 . ミュールジカ . le cerf mulet
尾白鹿 . オジロジカ . le cerf de Virginie
前髪鹿 . マエガミジカ . le cerf huppé
カリブー . le renne, le caribou
馴鹿 . トナカイ . le renne, le caribou (s’écrit le plus souvent en katakana)
ワピチ . le wapiti
サンバー . le sambar
アクシス鹿 . アクシスジカ . le cerf axis
アンデスの鹿 / アンデス鹿 . アンデスシカ / アンデスジカ . le cerf des Andes
カラミア鹿 . カラミアジカ . le cerf Calamian
口白鹿 . クチジロジカ . le cerf au museau blanc
獐鹿 . ノロジカ . le chevreuil d’Europe
シベリア獐鹿 . シベリアノロジカ . le chevreuil de Sibérie; le chevreuil d’Asie
牡鹿 . オジカ . le faon, le daim
ダマ鹿 . ダマジカ . le daim
子鹿 / 小鹿 . コジカ . le faon
雌鹿 . メジカ . la biche
メガロケロス . le megaloceros

LES FORÊTS DU JAPON

Avant de parler plus en détails des cerfs sika, je me dois de vous exposer en premier lieu la situation du paysage forestier au Japon. Car parmi toutes les choses dont les japonais n’ont pas à rougir, il y a la protection de leurs forêts. Dans une culture baignant au coeur d’une religion animiste (le Shintoïsme), tout ce qui constitue le règne végétale et animale revêt une importance capitale. Ainsi, du simple brin d’herbe jusqu’à la plus haute montagne en passant par les arbres, les plantes, les fleurs, la mousse, les lacs, les rivières, les flaques d’eau... et bien entendu les animaux, tous ces éléments occupent une place importante, primordiale dans la culture nippone, et c’est ainsi depuis des siècles.
Après la défaite de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon, sous occupation américaine, devient une monarchie parlementaire. Le pays se relève pourtant petit à petit, avec l’aide des Etats-Unis qui, comme en Europe, favorisent la reconstruction rapide des anciens belligérants pour éviter que le communisme n’y triomphe. Cette reconstruction passe par une occidentalisation que certains diront à marche forcée, se caractérisant par l’émergence progressive mais rapide d’infrastructures modernes: gratte-ciels, usines, centres commerciaux, parkings, lignes de métros, routes et autoroutes transforment le paysage nippon. Afin de créer plus de logements et d’infrastructures, des hectares de forêts sont sacrifiés au profit de l’industrialisation du pays. Des zones boisées au coeur des campagnes émergent des villes nouvelles et l’habitat naturel d’un bon nombre d’animaux se retrouvent alors menacé.
Et pourtant le Japon reste un des pays jouissant d’une couverture forestière couvrant au moins 67% de ses terres. Un record pour l’un des pays les plus densément peuplés. Les deux nations industrialisées jouissant d’une couverture forestière aussi vaste restent la Finlande et la Suède (avec des démographies respectivement autour de 4,5% et de 6% de celle du Japon). Conclusion, il n’existe nul pays industrialisé hormis le Japon où les forêts couvrent plus de 50 % de la superficie des terres. Un cas absolument exceptionnel.
Long et mince, l’archipel nippon s’étire du nord au sud sur 3.000 km. Ceci crée des conditions pour un très large éventail d’essences, allant des forêts de conifères, dans le nord, aux forêts de feuillus caducs plus au sud, puis de feuillus persistants, et finalement aux marécages de mangroves dans le sud subtropical. Les types de forêts sont également tributaires de l’activité humaine. Jadis, le villageois coupait son bois de chauffage et débroussaillait les pieds des collines qu’il occupait et qui deviendraient plus tard des sites de boisement. Mais il subsiste encore de vastes forêts naturelles dans certaines régions de montagnes profondes.
En outre, au sein d’une forêt spécifique, les arbres présentent eux aussi de nombreuses variétés, de plus leur apparence peut varier avec les saisons. À l’automne, c’est bien connu des poètes, les forêts d’essences feuillues caduques se parent d’une palette de coloris prodigieusement riche.
Les forêts du Japon sont à cet égard uniques au monde, et c’est à raison que nous pouvons considérer le pays tout entier comme un vaste arboretum, un musée dendrologique.

PRESERVER LA FORÊT, C’EST AUSSI PRESERVER L’HUMAIN

Plusieurs raisons expliquent pourquoi les japonais ont consacrer autant d’efforts à la préservation de leur couverture forestière. L’environnement naturel et la topographie sont ici les principales causes opérantes : son climat de moussons, humide et tempéré est idéal pour la croissance des arbres, tandis que les pentes abruptes des montagnes ont toujours créé un obstacle au développement et à l’aménagement du territoire, c’est-à-dire au déboisement. Combien de fois dans le passé les coupes sauvages effectuées sur ces pentes abruptes n’ont-elles pas provoqué, pratiquement chaque année, inondations ou glissements de terrain ? Aussi, les habitants ont-ils appris, au fil des catastrophes, combien il était important de préserver ces terres boisées.
Autre facteur: la plupart des terres cultivées consistent en rizières. Tout au long des siècles, les cultivateurs, autant que les autorités locales, exercèrent le plus grand soin dans la conservation du couvert d’arbres parce qu’ils avaient eu tôt fait de réaliser que les eaux indispensables à l’irrigation des rizières sourdaient des hautes terres en dessous des arbres.
Ajoutons à ces facteurs physiques les croyances shintoïstes introduisant les forêts, les arbres, les lacs, les rivières et autres éléments naturels comme des lieux sacrés, accueillant les kamis, les yokais ou constituant leur demeure. Ainsi, même en dépit de la progression des espaces urbains sur les espaces naturelles, les croyances animistes inscrites depuis des siècles dans l’esprit des japonais ont pousser ce peuple à préserver leurs forêts.
Ainsi, les japonais comprirent parfaitement depuis longtemps combien les forêts étaient essentielles à la vie et aux activités humaines. Et de ce savoir naquit le désir de préserver et d’améliorer les espaces boisés pour continuer à bénéficier des dons de la nature génération après génération. Le bûcheron conçu des techniques qui évitaient le gâchis lors de l’abattage des arbres, tandis que le charpentier méticuleux apprit à choisir la bonne pièce de bois qu’il lui fallait pour bâtir une maison, l’ébéniste pour façonner des objets de la vie quotidienne. Tous savaient combien il était important d’utiliser le bois selon des rythmes compatibles avec la croissance des forêts. Et ai-je besoin de citer les dizaines de jardins et parcs qui parcourent l’archipel se mêlant tranquillement entre les immeubles, gratte-ciels et maisons en bois traditionnel ? Nous en avons déjà parlé dans un précédent cours.
Et pourtant, il y a au moins un parc que vous devez connaître: le parc de Nara.

LE PARC DE NARA ET LES CERFS SIKA

Autrefois capitale du Japon, au VIIIe siècle, Nara abrite encore de nombreux temples et ruines fascinants à explorer. Aujourd’hui encore, la ville est connu pour abriter le Tôdai-ji (東大寺), le plus grand temple bouddhiste en bois au monde. Mais son autre particularité est d’abriter plus d’un millier de cerfs qui se promènent librement dans toute la région. Mascottes de la ville, les cerfs sont l’attraction phare de la ville. Les touristes comme les locaux ne manquent de faire quelques photos-souvenirs de ces affectueux herbivores. Affectueux tant qu’on ne les embête pas !
Originaire d’Asie de l’Est, mais surtout présent au Japon, le cerf sika tient son nom du mot japonais pour « cerf », (鹿 . シカ). Ce qui est unique chez cette espèce, c’est qu’elle ne perd pas ses taches avec l’âge, bien que ces taches soient presque invisibles. Outre leur association sacrée avec le sanctuaire de Nara, les cerfs sont très présents dans la mythologie japonaise et dans certains contes populaires, où ils étaient souvent considérés comme des messagers divins des dieux shintoïstes. De nombreux noms de lieux font référence aux cerfs, comme Kagoshima, 鹿児島 . かごしま (« l’île aux cerfs »). Les cerfs étaient tellement vénérés que’en tuer était considérer comme une offense faites aux dieux et était passible de la peine de mort.
Animal très respecté au Japon, figure sacrée et majeure dans les croyances shintô, il symbolise la pureté et il était demandé de saluer respectueusement les cerfs qu’on croisait sur sa route. On raconte que cet animal apporte toujours des messages de bon augure et qu’il favorise alors la chance. Le sika est aussi la personnification de l’automne. Dans l’art, on le voit très souvent associé aux arbres et aux feuilles d’érable, symbole de cette saison au Japon. De la même façon, le cerf accompagne le dieu taoïste Jurôjin (寿老人 . ジュロウジン). Ce dernier symbolise aussi l’automne et la longévité et on le voit représenté tenant une feuille d’érable dans la main.
L’un des sites de Nara est le sanctuaire Kasuga Taisha (春日大社), dédié à une divinité qui serait arrivée à Nara chevauchant un cerf sacré. De ce fait, les cerfs ont été considérés comme des attributs divins et des protecteurs de la ville, et ont été traités en conséquence. Aujourd’hui encore, les cerfs ont un statut spécial et sont considérés comme des « monuments naturels » à Nara. Ils font tellement partie du paysage qu’il est impossible d’imaginer le décor sans eux.
Les cerfs sika sont sous la protection d’une Fondation chargée de s’assurer de leur bien-être mais aussi chargée d’assurer la protection des touristes. Il est déjà arrivé que ces derniers se retrouvent blessés par les bois des cerfs mâles mais heureusement ces incidents restent rares et sans graves conséquences. D’ailleurs est tenu à Nara un événement annuel entre fin octobre et début novembre, le shika no kakukiri (鹿の角切り, coupe du bois de cerf). Le but est d’attraper les cerfs par leurs bois à l’aide de cordes et de couper ces derniers. Pas de panique, les bois repoussent. Cet événement est tenu depuis le 17e siècle afin que les cerfs en liberté à Nara ne puissent pas blesser les habitants ou les touristes. Une cérémonie traditionnelle de coupe des bois qui trouve son origine durant la période Edo (1603-1868).
La Fondation est aussi chargée de fabriquer des « biscuits pour cerfs » ou des « friandises pour cerfs » nommés 鹿煎餅 . シカセンベイ. Ils peuvent être consommés par les cerfs en toute sécurité, contrairement aux autres aliments humains. Les vendeurs aux environs de Nara vendent ces biscuits et une partie des bénéfices est reversée à la protection des cerfs. Mais attention : une fois que vous avez les friandises en main, vous risquez d’être suivi par des cerfs vous faisant la révérence dans l’espoir de vous impressionner suffisamment pour se voir octroyer une bouchée !
Enfin, lors de la naissance d’un faon, ce dernier est placé en sécurité dans un enclos avec tous les jeunes cerfs et les nouveau-nés jusqu’à ce qu’ils soient relâchés dans le parc. On appelle cet événement 子鹿公開 / 小鹿公開 . コジカコウカイ (la présentation des faons).

LES CERFS DANS LA POP CULTURE NIPPONE

Comment parler des cerfs sans mentionner leur influence dans la pop culture nippone ? Le cerf est loin d’être l’animal le plus représenté, les japonais sont bien plus friands de kaimen rider, de base-ball, de cosplay, de J-Pop, de gros robots, de magical girls et d’histoires de jeunes adolescents partant de rien et et travaillant dur pour réaliser leur rêve (nekketsu). Et encore, je n’ai fais qu’effleurer un faible pourcentage de tout ce qui constitue la pop culture du pays du Soleil levant. Côté animaux, les chiens et les chats, bien plus proches des humains, sont davantages représentés sans oublier les tanukis et les renards.
Toutefois, même les cerfs ont réussi à se faire une petite place. Ainsi, dans le film "Princesse Mononoké", la monture de Ashitaka, le personnage principal, est défini comme un mélange entre un cerf et un bouquetin; dans le même film, l’entité qui représente la Nature est un dieu-cerf; dans le jeu Elden Ring de FromSoftware et dans les jeux Zelda BOTW et TOTK de Nintendo, le joueur peut avoir un cervidé comme monture; la plupart des pokémons sont inspirés du cerf, dans le manga Beastars le meilleur ami du personnage principal est un cerf.

Explications

Au Japon, le mot 日本鹿 . ニホンジカ (le cerf sika) désigne l’espèce de cerf endémique du Japon et le mot 鹿 . シカ (le cerf) désigne l’animal d’une manière générale, toutes sous-espèces confondues. Le cerf sika fut introduit en Europe sous l’ère Meiji au XIXe siècle sur initiative de l’Empereur.
En Occident, il existe différent noms pour qualifier la plupart des cervidés. Ainsi, le renne et le caribu sont en fait une seule et même espèce de cervidé. Le mot "caribu" est d’origine amérindienne et est principalement utilisé au Canada. Le mot "renne" est utilisé dans le reste de l’Occident pour qualifier le même animal. Le mot "wapiti" désigne également une espèce de mammifères herbivores de la famille des cervidés et se distingue du sambar et de l’élan ou orignal, même s’il est fréquent d’utiliser ces quatre mots à tort et à travers pour qualifier un cervidé.
En japonais, il existe des mots propres à cette langue pour désigner le cerf et autres cervidés comme 鹿 . シカ (le cerf, la biche), 大鹿 . オオジカ (l’élan, l’orignal, le wapiti), 箆鹿 . ヘラジカ (l’élan, l’orignal) et 馴鹿 . トナカイ (le renne, le caribou). Mais les japonais ont aussi récupéré des mots occidentaux pour désigner ces mêmes espèces de cervidés avec davantage de précisions: カリブー (le renne, le caribou), ワピチ (le wapiti), サンバー (le sambar).
Le sambar, le wapiti et l’élan ou orignal font parties des plus grands cervidés du monde.
Le mot 赤鹿 . アカシカ (le cerf élaphe) désigne un grand cervidé des forêts tempérées d’Europe, d’Afrique du Nord, d’Asie occidentale et d’Amérique.
Le mot 尾白鹿 . オジロジカ (le cerf de Virginie) vient de l’anglais "white-tailed deer" et désigne une espèce de cerfs présent essentiellement en Guyane, en Louisiane et dans les régions canadiennes francophones.
Le mot アクシス鹿 . アクシスジカ (le cerf axis) désigne une espèce de cerfs essentiellement présent en Inde et au Sri Lanka. Il a été introduit en Europe centrale, ex-Yougoslavie, Australie, Brésil, Argentine, Uruguay, Texas et Hawaï.
Le mot 前髪鹿 . マエガミジカ (le cerf huppé) désigne une espèce de cerfs dont les bois font seulement quelques centimètres et sont dissimulés par les longs poils du sommet de son crâne, d’où son nom.
Le mot 口白鹿 . クチジロジカ (le cerf à museau blanc) désigne une espèce de cerfs à la robe brune et au museau blanc, d’où son nom. Aussi nommé cerf de Thorold.
Le mot メガロケロス (le megaloceros) est un mot vernaculaire désignant l’ancêtre des cervidés actuels, bien plus grand et imposant, qualifié à juste titre de cerf géant. Ce mot n’a aucune version en kanji.

Conclusion

Whoa! Mine de rien, les cervidés constituent un vaste sujet. Il y eut beaucoup de choses à dire et je pense avoir couvert le sujet tout en rendant l’ensemble suffisamment digeste et passionnant, je l’espère. Encore une fois, vous retrouverez une bonne partie de ce vocabulaire dans les exercices avant le début de la troisième saison, donc je compte sur vous pour être studieux.
Travaillez bien.