Le shintoïsme regroupe de nombreuses croyances liées à l’histoire du Japon. Les origines du shintoïsme sont lointaines et méconnues. Les premières traces du shintoïsme semblent dater de la fin de la période Jomon, une époque où l’essentiel des hommes vivants sur l’archipel japonais étaient des chasseurs-cueilleurs et qui s’étend de 13 000 à 400 avant notre ère. Le shintoïsme n’a ni fondateur ni prophète, contrairement au christianisme par exemple.
L’un des textes de référence du shintoïsme est le Kojiki (古事記 . コジキ), litt. « Chronique des faits anciens » aussi prononcé ふることふみ. Avec le Nihon Shiki (ニホンショキ), les légendes contenues dans le Kojiki ont inspiré beaucoup de pratiques et de croyances du shintoïsme. Il est généralement considéré comme le plus ancien écrit japonais existant encore de nos jours et est entièrement écrit en langue japonaise en caractères chinois. Sa date de publication est supposée en l’an 712, datant donc du 8ème siècle. Cet ensemble de textes prend la forme d’une chronique qui relate les origines mythologiques du Japon, de ses îles, et des différents kamis.
L’étymologie du mot 神道 . シントウ est très importante. Cela signifie « voie des kamis ». Les kamis sont les divinités qui habitent chaque chose. En somme, le shintoïsme est un mélange entre animisme, croyance selon laquelle un esprit habite les êtres vivants, les objets et les éléments naturels, et polythéisme, croyance selon laquelle il existe plusieurs dieux. Ces kamis sont présents partout. Ils habitent chaque être vivant, les objets, les montagnes, les forêts, les rivières, etc. Il n’y a pas de limitation pour les formes dans lesquelles peuvent s’incarner les divinités: fleurs, arbre, feuilles, pierres, rochers, cailloux, nuages, rivières, lacs, ruisseaux, roseaux, tiges de bambou ou encore n’importe quel objet du quotidien. Un balai, un parapluie, une marmite ou encore un instrument de musique... Absolument tout et n’importe quoi. Ils sont parfois confondus avec les yôkai, des esprits souvent espiègles mais nous ne discuterons pas ici des différences entre les deux.
Retenez également que les kamis ne sont pas des divinités au sens où nous l’entendons dans les religions occidentales. Si dans les religions occidentales, c’est-à-dire le christianisme, le judaïsme et autres, Dieu est considéré comme un être tout-puissant et doué d’omnipotence et d’omniprésence ; dans le shintoïsme, les kamis sont nombreux et variés mais ce ne sont pas des êtres tout-puissants. Ou, en tout cas, pas forcément. Il s’agit davantage de représentations symboliques de toutes choses et êtres vivants en ce monde. Ni foncièrement bons, ni foncièrement mauvais, ils sont là pour rappeler le bienfondé des traditions axées sur la nature et l’importance du respect de celles-ci.
Le shintoïsme est donc né sur la terre du Soleil Levant et est considéré comme la religion la plus ancienne du Japon. Tout comme les religions occidentales en Europe qui furent utilisées par les souverains pour justifier leur statut et domination sur le peuple, le shintoïsme fut utilisé par tous les empereurs du Japon pendant plus d’un millénaire pour renforcer leur pouvoir. Des sanctuaires furent d’ailleurs érigés au fil des siècles par ces derniers afin de consolider leur lien avec la religion. Celle-ci fut également un outil employé à rassembler tous les japonais sous une même bannière, sous les ordres du seul et unique Empereur. Il m’est impossible de résumer toute l’Histoire du Japon ici mais pour vous permettre de comprendre l’essentiel, le pays fut pendant longtemps divisé en plusieurs groupes ethniques et ligues qui se livraient à des guerres incessantes. Le shintoïsme, dont l’Empereur était le représentant, était l’entité sous laquelle les Empereurs successifs tentèrent d’unifier tous les japonais. Ainsi, mythologiquement parlant, le shintoïsme raconte l’histoire d’un seul et unique peuple japonais créé par la déesse Amaterasu et dont la famille impériale est la descendance directe. Historiquement parlant, ce pays qu’on appelle aujourd’hui le Japon fut le théâtre de plusieurs vagues migratoires au fil des siècles. Des groupes ethniques issus de l’actuel Chine et de l’actuel Corée qui ont traversé la mer jusqu’à atteindre les îles de l’archipel où ils se sont sédentarisés.
Rassemblant ainsi un ensemble de croyances datant de l’histoire ancienne du Japon, c’est au cœur du shintoïsme que se mélange véracité historique et embellissement sur l’Histoire des japonais et les origines divines (officiellement) de la famille impériale.
Note : le mot « kami » a largement été récupéré et intégré dans les langues occidentales afin d’indiquer sans ambiguïté que nous parlons des divinités shintoïstes.
Il y a également une différence importante à faire entre temple et sanctuaire. Les lieux de culte consacrés au shintoïsme sont appelés des sanctuaires et les lieux de culte consacrés au Bouddhisme sont appelé des temples. Au sein des sanctuaires, on ne trouve pas de statues car il n’est pas de coutume de représenter les divinités shintoïstes. Au sein des temples, destinés au bouddhisme, religion d’origine indienne, les bouddhistes ont pour but d’atteindre l’Éveil en rompant le cycle des réincarnations. Si le shintoïsme est une religion en lien avec la terre, la nature, le bouddhisme est donc plutôt orienté vers la spiritualité.
Selon certaines sources, les sanctuaires shintoïstes n’abritaient pas de statues de divinités initialement. Cette pratique serait vraisemblablement arrivée avec le bouddhisme. Dans les multiples bâtiments couverts des temples, on peut trouver plein de statues de divinités, et ce dès l’entrée qui est elle-même gardée par des statues ayant pour but de chasser les mauvais esprits. Le shintoïsme, en s’inspirant du bouddhisme, embellit ses sanctuaires de statues d’animaux fantastiques japonais comme le komainu (狛犬 . こまいぬ), créature qui ressemble à un lion ou à un chien. Des statues de Komainu en pierre sont situées de part et d’autre de l’entrée d’un sanctuaire afin de le protéger. Ils sont soit placés l’un en face de l’autre, soit le dos au sanctuaire et font face aux visiteurs. D’autres animaux fantastiques, appelés shinshi (神使 . シンシ), comme des sangliers, des dragons, des renards, des loups ou des tigres peuvent aussi être utilisés. La variante la plus fréquente est le kitsune (狐, renard), gardien des sanctuaires dédiés au kami Inari (稲荷 . いなり). Il y a environ 30 000 sanctuaires d’Inari au Japon, et l’entrée de chacun est gardée par une paire de statues de renards.
Note : j’ai dit plus haut que la représentation de divinités par des statues vient vraisemblablement du bouddhisme, toutefois gardez à l’esprit que rien n’est certain. Comme le shintoïsme et le bouddhisme ont coexisté pendant plus de mille ans, il est très difficile de dissocier ce qui appartient à l’une ou l’autre croyance.
Ce cours suit le même schéma que les cours sur les suffixes que nous avons vu précédemment. Tout comme le bouddhisme venu de Chine et qui s’est implanté au Japon après le shintoïsme, des sanctuaires ont été érigés au fil des siècles. Le plus souvent sur ordre des empereurs qui cherchaient à consolider leur pouvoir et leur lien avec la religion.
Dans un précédent cours, nous avons vu le kanji 寺 qui se place en suffixe des noms de temples bouddhistes. Et uniquement bouddhistes. Aujourd’hui, nous allons voir de nouveaux suffixes pour désigner, cette fois, les sanctuaires shintoïstes.
Je vous donne maintenant les prononciations purement et sino-japonaises de ces nouveaux suffixes :
社 . やしろ . シャ . Le sanctuaire
宮 . みや . キュウ . Le sanctuaire
神社 . ジンジャ . Le sanctuaire
神宮 . ジングウ . Le sanctuaire
大社 . タイシャ . Le grand sanctuaire
大神宮 . ダイジングウ . Le grand sanctuaire
Sachez qu’il n’y a pas de raisons particulières pour expliquer pourquoi tel sanctuaire a le suffixe 神社 et tel autre sanctuaire a le suffixe 神宮 ou encore pourquoi tel autre sanctuaire a le suffixe 大社… Ce sont simplement plusieurs mots qui ont la même signification.
À ne pas confondre avec le suffixe 宮殿 qui désigne les palais et le kanji 寺 qui désigne les temples bouddhistes.
Nous verrons également les suffixes :
殿 . との, -どの . デン .
東照宮 . トウショウグウ . Le sanctuaire (suffixe pour les noms de sanctuaires shintos dédiés à Ieyasu Tokugawa)
稲荷神社 . いなりグウ . Le sanctuaire d’Inari (suffixe pour les noms de sanctuaires shintos dédiés à Inari)
八幡神宮 . ハチマングウ . Le sanctuaire d’Hachiman (suffixe pour les noms de sanctuaires shintos dédiés au dieu shinto de la guerre)
天満宮 . テンマングウ . Le sanctuaire (suffixe pour les noms de sanctuaires shintos dédiés à Sugawara no Michizane)
東照宮 . トウショウグウ est le nom donné aux sanctuaires shintos dédié à Ieyasu Tokugawa, le fondateur du shôgunat Tokugawa au Japon.
稲荷神社 . いなりグウ est le nom donné aux sanctuaires shintos dédiés à Inari, divinité des céréales, de la fertilité, des fonderies et du commerce, ainsi que le gardien des maisons.
八幡神宮 . ハチマングウ est le nom donné aux sanctuaires shintos dédiés au dieu shinto de la guerre et le protecteur divin du Japon et du peuple japonais.
天満宮 . テンマングウ est le nom donné aux sanctuaires shintos dédié à Sugawara no Michizane. Il y en a environ quatorze mille au Japon.
Il existe également d’autres sanctuaires consacrés à d’autres divinités bien spécifiques et portant donc des noms différents. Il y a également des sanctuaires consacrés à des montagnes et portant plusieurs noms. Je ne vais pas vous donner les suffixes pour tous les sanctuaires selon la divinité qui y est vénérée donc n’hésitez pas à chercher par vous-même. Tous les sanctuaires ont une histoire à raconter.
Je ne vous dis rien sur le suffixe 殿 pour le moment. J’y reviendrai un peu plus tard.
Donc, pour résumer, voici tous les nouveaux suffixes à apprendre :
社 . やしろ . シャ . Le sanctuaire
宮 . みや . キュウ . Le sanctuaire
神社 . ジンジャ . Le sanctuaire
神宮 . ジングウ . Le sanctuaire
大社 . タイシャ . Le grand sanctuaire
大神宮 . ダイジングウ . Le grand sanctuaire
殿 . との, -どの . デン . Le sanctuaire
東照宮 . トウショウグウ . Le sanctuaire (suffixe pour les noms de sanctuaires shintos dédiés à Ieyasu Tokugawa)
稲荷神社 . いなりグウ . Le sanctuaire d’Inari (suffixe pour les noms de sanctuaires dédiés à la divinité Inari)
八幡神宮 . ハチマングウ . Le sanctuaire d’Hachiman (suffixe pour les noms de sanctuaires dédiés à Hachiman, dieu shinto de la guerre et le protecteur divin du Japon et du peuple japonais)
Nous commençons donc avec les sanctuaires shintos.
Je vous donne immédiatement en exemple ci-dessous plusieurs noms de châteaux avec les suffixes vus plus haut.
岩木山(神社) . いわきやま(ジンジャ) . Le sanctuaire de Iwakiyama
北海道(神宮) . ホッカイドウ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Hokkaidō
熊野(大社) . くまの(タイシャ) . Le sanctuaire de Kumano
伊佐須美(神社) . いさすみ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Isasumi
日光(東照宮) . ニッコウ(トウショウグウ) . Le sanctuaire de Nikkō
鹿島(神宮) . かしま(ジングウ) . Le sanctuaire de Kashima
氷川(神宮) . ひかわ(ジングウ) . Le sanctuaire de Hikawa
安房(神社) . あわ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Awa
船橋(大神宮) . ふなばし(ダイジングウ) . Le sanctuaire de Funabashi
香取(神宮) . かとり(ジングウ) . Le sanctuaire de Katori
鎮霊(神宮) . かとり(ジングウ) . Le sanctuaire de Katori
香取(社) . シンレイ(シャ) . Le sanctuaire de Chinreisha
根津(神社) . ねず(ジンジャ) . Le sanctuaire de Nezu
乃木(神社) . のぎ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Nogi
水天(宮) . スイテン(グウ) . Le sanctuaire de Suiten
高輪(神社) . たかなわ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Takanawa
花園(神社) . はなぞの(ジンジャ) . Le sanctuaire de Hanazono
日枝(神社) . ひえ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Hie
丸山(神社) . まるやま(ジンジャ) . Le sanctuaire de Maruyama
明治(神宮) . メイジ(ジングウ) . Le sanctuaire de Meiji
箱根(神宮) . はこね(ジングウ) . Le sanctuaire de Hakone
寒川(神宮) . さむかわ(ジングウ) . Le sanctuaire de Samukawa
天津(神社) . あまつ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Amatsu
度津(神社) . わたつ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Watatsu
尾山(神社) . おやま(ジンジャ) . Le sanctuaire de Oyama
高瀬(神社) . たかせ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Takase
武田(神社) . たけだ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Takeda
戸隠(神社) . とがくし(ジンジャ) . Le sanctuaire de Togakushi
日吉(大社) . ひよし(タイシャ) . Le sanctuaire de Hiyoshi
平安(神宮) . ヘイアン(ジングウ) . Le sanctuaire de Heian
平野(神社) . ひらの(ジンジャ) . Le sanctuaire de Hirano
今宮(神社) . いまみや(ジンジャ) . Le sanctuaire de Imamiya
野宮(神社) . ののみや(ジンジャ) . Le sanctuaire de Nonomiya
豊国(神社) . とよくに(ジンジャ) . Le sanctuaire de Toyokuni
梅宮(神社) . うめのみや(ジンジャ) . Le sanctuaire de Umenomiya
三光(神社) . サンコウ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Sankou
住吉(大社) . すみよし(タイシャ) . Le sanctuaire de Sumiyoshi
春日(大社) . かすが(タイシャ) . Le sanctuaire de Kasuga
大神(神社) . おおみわ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Ōmiwa (*)
三輪(神社) . みわ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Miwa (*)
金持(神社) . かもち(ジンジャ) . Le sanctuaire de Kamochi
名和(神社) . なわ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Nawa
宇倍(神社) . うべ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Ube
若桜(神社) . わかさ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Wakasa
出雲(大社) . いずも(タイシャ) . Le sanctuaire de Izumo
美保(神社) . みほ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Miho
吉備津(神社) . きびつ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Kibitsu
吉備津彦(神社) . きびつひこ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Kibitsuhiko
赤間(神宮) . あかま(ジングウ) . Le sanctuaire de Akama
筥崎(宮) . はこざき(グウ) . Le sanctuaire de Hakozaki
香椎(宮) . かしい(グウ) . Le sanctuaire de Kashii
高良(大社) . コウラ(タイシャ) . Le sanctuaire de Izumo
宗像(大社) . むなかた(タイシャ) . Le sanctuaire de Munakata
住吉(神社) . すみよし(ジンジャ) . Le sanctuaire de Sumiyoshi
陶山(神社) . トウザン(ジンジャ) . Le sanctuaire de Tōzan
山王(神社) . サンノウ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Sannō
加藤(神社) . カトウ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Katō
健軍(神社) . ケングン(ジンジャ) . Le sanctuaire de Kengun
青島(神社) . あおしま(ジンジャ) . Le sanctuaire de Aoshima
宮崎(神社) . みやざき(ジンジャ) . Le sanctuaire de Miyazaki
神門(神社) . みかど(ジンジャ) . Le sanctuaire de Mikado
高千穂(神社) . たかちほ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Takachiho
都農(神社) . ツノウ(ジンジャ) . Le sanctuaire de Tsunō
枚聞(神社) . ひらきき(ジンジャ) . Le sanctuaire de Hirakiki
鹿児島(神社) . かごしま(ジンジャ) . Le sanctuaire de Kagoshima
霧島(神社) . きりしま(ジンジャ) . Le sanctuaire de Kirishima
波上(宮) . なみのうえ(グウ) . Le sanctuaire de Naminoue
Ce sera tout pour cette liste. Je ne vais pas vous donner tous les sanctuaires shintoïstes du Japon. Il y en a des dizaines de milliers, peut-être même des centaines de milliers !
Pour le dernier sanctuaire, 波上宮 . なみのうえグウ, vous avez la particule の entre 波 . なみ et 上 . うえ, littéralement « le sanctuaire au-dessus des vagues ». Idem pour les sanctuaires 野宮神社 . ののみやジンジャ et 梅宮神社 . うめのみやジンジャ.
Vous aurez remarqué deux sanctuaires avec un (*) marqué devant. Il s’agit en fait du même sanctuaire avec deux noms différents: 大神神社 . おおみわジンジャ et 三輪神社 . みわジンジャ. Il est assez courant qu’un sanctuaire porte plusieurs noms différents.
Il arrive que plusieurs sanctuaires portent le même nom et sont pourtant situé à des endroits différents. Ainsi, il y a un sanctuaire dénommé 住吉大社 . すみよしタイシャ situé à Osaka et un autre sanctuaire dénommé 住吉神社 . すみよしジンジャ situé à Fukuoka. Il existe aussi un sanctuaire dénommé 三輪神社 みわジンジャ situé à Gifu, dans la région de Tōkai et un sanctuaire dénommé 大神神社 . おおみわジンジャ dans la préfecture d’Aichi, toujours dans la région du Tōkai.
Enfin, vous avez des sanctuaires dont la prononciation du nom ne correspond ni à la prononciation purement japonaise, ni à la prononciation sino-japonaise des kanji. C’est le cas du sanctuaire dénommé 宗像大社 . むなかたタイシャ.
Notez que je ne vous ai pas donné en exemple des sanctuaires d’Inari. Voyez ci-dessous :
伏見稲荷(大社) . ふしみいなり(タイシャ) . Le sanctuaire d’Inari de Fushimi
笠間稲荷(大社) . かさまいなり(タイシャ) . Le sanctuaire d’Inari de Kasama
高橋稲荷(大社) . たかはしいなり(タイシャ) . Le sanctuaire de Inari de Takahashi
波除稲荷(大社) . なみよけいなり(タイシャ) . Le sanctuaire d’Inari de Namiyoke
玉造稲荷(大社) . たまつくりいなり(タイシャ) . Le sanctuaire d’Inari de Tamatsukuri
竹駒稲荷(大社) . たけこまいなり(タイシャ) . Le sanctuaire d’Inari de Takekoma
祐徳稲荷(大社) . ユウトクいなり(タイシャ) . Le sanctuaire d’Inari de Yūtoku
Les sanctuaires dédiés à Inari que je vous ai donné ci-dessous sont parmi les plus connus. Il y en a beaucoup plus et si vous désirez approfondir vos connaissances sur cette divinité et les sanctuaires qui lui sont consacrés, je vous invite à chercher sur Internet.
Comme c’est très souvent le cas en matière de religion, de mythologie, de folklore, on trouve un peu de tout et de n’importe quoi. Vous vous rendrez rapidement compte qu’Inari n’est pas seulement la divinité des céréales, de la fertilité, des fonderies et du commerce, ainsi que le gardien des maisons. Elle est beaucoup plus que cela ou, si vous préférez, elle a surtout été adaptée et interprétée à toutes les sauces selon les époques et les régions.
Il est grand temps de récapituler tout ce que nous venons de voir dans ce cours. Je vous mets ci-dessous le schéma à suivre.
[Nom de sanctuaires shintos] + 社 . やしろ . シャ .
[Nom de sanctuaires shintos] + 宮 . みや . キュウ .
[Nom de sanctuaires shintos] + 神社 . ジンジャ .
[Nom de sanctuaires shintos] + 神宮 . ジングウ .
[Nom de sanctuaires shintos] + 大社 . タイシャ .
[Nom de sanctuaires shintos] + 大神宮 . ダイジングウ .
[Nom de sanctuaires shintos] + 殿 . デン .
[Nom de sanctuaires shintos] + 東照宮 . トウショウグウ .
[Nom de sanctuaires shintos] + 稲荷神社 . いなりシンシャ .
Vocabulaire
Il est maintenant temps d’aborder un nouveau vocabulaire toujours en rapport avec les sanctuaires. Vous vous souvenez du kanji 殿 dont je vous parlais au début ? Je vous le remets ci-dessous avec ses prononciations :
殿 . との, -どの . デン .
Je ne vous ai pas indiqué à quoi il correspondait. Cela dit, vous connaissez déjà ce kanji puisqu’il s’agit d’un titre non-honorifique sera attribué à un seigneur. Certaines femmes portaient ce titre mais cela était rare.
On retrouve ce kanji dans le titre honorifique 殿下 . デンカ, destiné à tous les membres de la famille impériale, à l’exception de l’Empereur, de l’Impératrice et des impératrices douairières. Il se traduit par « Son Altesse ».
Nous l’avons également vu dans le mot 宮殿 . キュウデン qui désigne les palais, notamment étrangers.
Maintenant, nous allons voir que ce kanji désigne aussi des lieux à l’intérieur des sanctuaires shintos. Observez bien les mots suivants :
鳥居 . とりい . La porte torii, la porte sacrée
参道 . サンドウ . La voie principale d’un sanctuaire shintô
手水舎 . てみずや . La fontaine d’ablution
柄杓 . ヒシャク . La louche, l’écope, le puisoir
本殿 . ホンデン . Le bâtiment principal
神殿 . シンデン . Le bâtiment principal / (suffixe pour les noms de temples étrangers)
拝殿 . ハイデン . L’oratoire, la salle des prières, la salle de dévotion
幣殿 . ヘイデン . La salle des offrandes
昇殿 . ショウデン . La salle des offrandes
勅使殿 . チョウクシデン . La salle des émissaires
登廊下 . トウロウカ . Le couloir d’enregistrement
神楽殿 . カグラデン . La salle de kagura (dans un sanctuaire) ; la scène de danse sacrée
神主 . カンぬし . Le prêtre shintô, le prêtre shintô supérieur
Je vous donne maintenant le nom de styles architecturaux propres aux sanctuaires shintos. Apprenez-les par coeur :
大社造 . タイシャずくり . Le style « taisha »
神明造 . シンメイずくり . Le style « shinmei »
住吉造 . すみよしずくり . Le style « yomiyoshi »
春日造 . かすがずくり . Le style « kasuga »
流造 . ながれずくり . Le style « nagare », le « style coulant »
流破風造 . ながれハフずくり . Le « style pignon coulant »
切妻屋根 . きりずまやね . Le toit à pignon (ce n’est pas un style architectural mais je vous le donne quand même, nous le développerons plus bas)
Maintenant, il est temps de parler un peu de culture. Je ne vais pas systématiquement vous donner les prononciations des mots en hiragana et katakana puisque je viens de vous donner une liste assez exhaustive ci-dessus. N’hésitez à y revenir si vous avez un trou de mémoire.
Origines du torii
Les origines du torii sont inconnues et il existe plusieurs théories différentes sur le sujet, dont aucune n’a été universellement acceptée. Parce que l’utilisation de portes symboliques est répandue en Asie – de telles structures peuvent être trouvées par exemple en Inde, en Chine, en Thaïlande, en Corée et dans les villages Nicobarese et Shompen – les historiens pensent qu’il peut s’agir d’une tradition importée.
La première apparition de portes torii au Japon peut être identifiée de manière fiable au moins au milieu de la période Heian ; ils sont mentionnés dans un texte écrit en 922.
Les portails torii étaient traditionnellement en bois ou en pierre, mais aujourd’hui, ils peuvent également être en béton armé, en cuivre, en acier inoxydable ou en d’autres matériaux. Ils sont généralement soit non peints, soit peints en vermillon avec un linteau supérieur noir. Les sanctuaires d’Inari, le kami de la fertilité et de l’industrie (et de plein d’autres trucs), ont généralement de nombreux torii car ceux qui ont réussi dans les affaires donnent souvent des torii en signe de gratitude. Le 伏見稲荷大社 à Kyoto possède des milliers de ces torii, chacun portant le nom du donateur.
La fonction d’un torii est de marquer l’entrée d’un espace sacré. Pour cette raison, la route menant à un sanctuaire shinto (参道 . サンドウ) est presque toujours enjambée par un ou plusieurs torii, qui sont donc le moyen le plus simple de distinguer un sanctuaire d’un temple bouddhiste. Si le 参道 passe sous plusieurs torii, l’extérieur d’entre eux est appelé ichi no torii (一の鳥居 . イチのとりい, premier torii). Les suivants, plus proches du sanctuaire, sont généralement appelés, dans l’ordre, ni no torii (二の鳥居 . ニのとりい, deuxième torii) et san no torii (三の鳥居 . サンのとりい, troisième torii). D’autres torii peuvent être trouvés plus loin dans le sanctuaire pour représenter des niveaux croissants de sainteté à mesure que l’on s’approche du sanctuaire intérieur (本殿), au cœur du sanctuaire. De plus, en raison de la forte relation entre les sanctuaires shinto et la famille impériale japonaise, un torii se dresse également devant la tombe de chaque empereur.
La présence d’un torii à l’entrée est généralement le moyen le plus simple d’identifier les sanctuaires shintos, et une petite icône torii les représente sur les cartes routières japonaises et même sur Google Maps.
Il existe plusieurs sortes de torii aux architectures différentes et divisés en deux catégories: 神明鳥居 . シンメイとりい et 明神鳥居 . ミョウジンとりい. Ces torii ont souvent pris le nom du sanctuaire shinto où on les a vu apparaître pour la première fois.
Les shinmei torii
伊勢鳥居 . いせとりい . Torii d’Ise
春日鳥居 . かすがとりい . Torii de Kasuga
八幡鳥居 . ハチマンとりい . Torii de Hachiman
鹿島鳥居 . かしまとりい . Torii de Kashima
黒木鳥居 . くろきとりい . Torii de Kuroki
Les myōjin torii
稲荷鳥居 . いなりとりい . Torii d’Inari
山王鳥居 . サンノウとりい . Torii de Sannō
三輪鳥居 . みわとりい . Torii de Miwa
両部鳥居 . リョウブとりい . Torii de Ryōbu
三柱鳥居 . みはしらとりい / みつばしらとりい . Torii de Mihashira
Après la porte torii, le chōzuya
Après la porte torii, le chōzuya (手水舎), un bassin rempli d’eau situé entre la porte monumentale torii et le bâtiment principal du sanctuaire. Les visiteurs du sanctuaire shinto doivent purifier leurs mains et leur bouche avec cette eau. Il faut commencer par la main gauche, puis la droite, la bouche et enfin la poignée de la louche hishaku (柄杓) avant d’accéder au sanctuaire lui-même. Dans le shintoïsme, les choses souillés sont supposées venir de l’extérieur. Il est donc important de se purifier physiquement et métaphoriquement quand on rentre dans un sanctuaire shinto.
Description de la structure
Le honden est le bâtiment le plus sacré d’un sanctuaire shinto, exclusivement destiné à l’usage de la divinité vénérée dans le sanctuaire, généralement symbolisée par un miroir ou parfois par une statue.
Le bâtiment est ordinairement situé à l’arrière du sanctuaire et fermé au grand public. En face de lui se tient généralement le haiden, ou oratoire. Le haiden est souvent relié au honden par un heiden, ou salle des offrandes.
Physiquement, le honden est le cœur du complexe religieux, relié au reste du sanctuaire mais généralement élevé au-dessus et protégé contre l’accès du public par une clôture. Il est d’ordinaire relativement petit et avec un toit à pignon (切妻屋根). Ses portes sont généralement maintenues fermées sauf à l’occasion des festivals religieux. Les prêtres shintos eux-mêmes n’entrent que pour effectuer les rituels. Le rite d’ouverture de ces portes constitue en soi une partie importante de la vie du sanctuaire.
À l’intérieur du honden est conservé le go-shintai, littéralement « le corps sacré du kami », une représentation symbolique des kamis ou divinités shintoïstes.
Pour important qu’il soit, le honden peut parfois être complètement absent, comme lorsque le sanctuaire se dresse sur une montagne sacrée à laquelle il est dédié, ou lorsqu’il existe dans le voisinage un 神籬 . ひもろぎ ou autre 依代 . よりしろ qui sert de lien plus direct avec un kami. Le 三輪神社 à Nara, par exemple, ne contient pas d’images ou d’objets sacrés, car il est censé servir la montagne sur laquelle il se trouve. Pour la même raison, il dispose d’un haiden, mais pas de honden.
La structure du honden détermine le style architectural du sanctuaire. Il en existe plusieurs mais trois, le 大社造, le 神明造 et le 住吉造 sont d’une importance particulière car ce sont les seuls qui seraient antérieurs à l’arrivée du bouddhisme au Japon. Ils possèdent donc une signification architecturale et historique spécifique. Ils sont illustrés respectivement par les honden de :
– 出雲大社 . いずもタイシャ . Le sanctuaire de Izumo
– 仁科神明宮 . にしなシンメイグウ . Le sanctuaire Shinmei de Nishina
– 住吉大社 . すみよしタイシャ . Le sanctuaire de Sumiyoshi
Quel que soit le style du sanctuaire, le toit du honden comporte toujours deux éléments en bois appelés chigi (千木 . ちぎ) et katsuogi (鰹木 . かつおぎ). Le chigi est un épi de faîtage constitué de deux madriers qui se croisent au sommet de chaque pignon et se prolongent en formant un V. Les katsuogi sont des rondins de bois fixés horizontalement sur la poutre faîtière de l’édifice. Lorsque les extrémités du chigi sont coupées horizontalement avec des katsuogi en nombre pair, cela veut dire que la divinité vénérée dans le sanctuaire est féminine. Lorsque les bouts du chigi sont coupés verticalement avec des katsuogi en nombre impair, le dieu est masculin.
Il existe aussi d’autres styles architecturaux comme le style kasuga (春日造 . かすがずくり) et le style nagare (流造 . ながれずくり).
Vocabulaire
Avant d’entamer cette partie, je vous donne quelques mots de vocabulaire. Apprenez-les par cœur :
巫女 . みこ . Miko
神子 . みこ . Enfant de kami
御子 . みこ . Enfant impérial
御守 . おまもり . L’amulette, le porte-bonheur (plus couramment écrit お守) (nous avons déjà vu ce mot mais je vous le redonne quand même)
緋袴 . ひばかま . Le hakama rouge (porté par les miko)
襅 / 千早 . ちはや . Le kimono blanc (porté par les miko)
草履 . ゾウリ . Les sandales en paille de riz (sandale traditionnelle japonaise)
簪 . かんざし . L’épingle à cheveux décorée
花簪 . はなかんざし . L’épingle à cheveux décorée (portée par les miko, le kanji 花 en préfixe évoque l’idée de la jeunesse, voire la virginité ; en effet, les miko sont en général des jeunes femmes non mariées)
Description
Les miko (巫女 . みこ) sont, au Japon, de jeunes femmes au service d’un sanctuaire shintoïste. Elles assistent les prêtres shintō dans leurs tâches cléricales quotidiennes et accueillent les visiteurs des lieux saints.
L’origine du terme « miko » n’est pas clairement établie. Une écriture plus ancienne de ce mot 神子 . みこ, littéralement « enfant de kami », indique un rôle d’intermédiaire entre les hommes et les divinités du shintoïsme : les kami. Il est probable que le terme soit une nouvelle lecture du vocable honorifique 御子 . みこ (« enfant impérial »), suggérant des qualités de pouvoir spirituel et de haute naissance.
Comme dans de nombreuses autres cultures, occidentales comme orientales, il est attribué aux miko des pouvoirs prophétiques. Cette tradition remonte aux anciennes époques du Japon. Dans les temps anciens, les femmes qui entraient en transe et rapportaient des prophéties ou les paroles des dieux, à la manière de la Pythie de Delphes en Grèce antique, étaient appelées miko, des chamanes du shintō, religion autochtone de l’archipel japonais. Plus tard, elles se virent attribuées le rôle de gardienne dans les sanctuaires shintos. Elles sont traditionnellement des jeunes femmes vierges qui quittent le sanctuaire une fois mariées. Les miko étaient souvent les filles des prêtres.
Le costume traditionnel des miko est constitué d’un hakama rouge écarlate appelé hibakama (緋袴 . ひばかま), un haut de kimono blanc à larges manches: le chihaya (襅 / 千早 . ちはや), souvent orné de rouge et parfois de motifs cérémoniels, et des sandales traditionnelles appelé zōri (草履 .ゾウリ). Il est également fréquent que les miko portent une hanakanzashi (花簪 . はなかんざし), épingle à cheveux ornée de fleurs, ou d’autres ornements, généralement blancs ou rouges.
Le rôle de miko inclut la réalisation de danses cérémonielles appelées mikomai (巫女舞 . みこまい), ainsi que d’aider les prêtres dans diverses cérémonies, en particulier les mariages dans la tradition shintoïste. La tradition continue, et aujourd’hui on trouve encore des miko dans les sanctuaires shintos ; actuellement, la plupart d’entre elles sont des employées à temps plein ou partiel, ou des bénévoles. Leur travail est d’aider au fonctionnement du sanctuaire et d’exécuter les danses cérémonielles. Elles sont également présente dans le shamusho (社務所 .シャムショ), le bureau administratif du temple, en charge des relations avec les visiteurs. Le shamusho est le lieu où les visiteurs peuvent acheter toutes sortes de talismans.
Vocabulaire
Avant d’entamer cette partie, je vous donne quelques mots de vocabulaire. Apprenez-les par cœur :
巫女舞 . みこまい . La danse des miko
神楽 . カグラ . L’agrément des kamis, le kagura
御神楽 . みカグラ . Le kagura impérial
里神楽 . さとカグラ . Le kagura de village
巫女神楽 . みこカグラ . Le kagura des miko
出雲流神楽 . いずもリュウカグラ . Le kagura de la région d’Izumo autour du sanctuaire Izumo
伊勢流神楽 . いせリュウカグラ . Le kagura dérivé des danses exécutées lors des yudate, rituels autour d’un chaudron d’eau chaude, au sanctuaire d’Ise pendant lequel miko ou prêtres s’immergent dans l’eau dans un rituel de purification. On parle aussi de shimotsuki kagura (霜月神楽 . しもつきカグラ) ou de yudate kagura (湯立神楽 . ゆだてカグラ).
獅子神楽 . ししカグラ . Forme de danse du lion (獅子舞 . ししまい), dans laquelle un groupe de danseurs joue le rôle du lion gardien des sanctuaires et parade autour de la ville.
Note: apprenez à bien différencier le mot 舞. まい qui désigne la danse d’une manière générale et le mot 神楽 . カグラ qui désigne la danse, souvent à caractère religieux, consacrée aux divinités.
L’origine mythologique du kagura
Kagura se traduit par « divertir les dieux » ou « agrément des dieux ». Le Kojiki, le plus ancien livre du Japon (publié en 712 après J.-C.), une collection officielle des anciennes sagas des dieux, mandatée par la cour impériale, relate ainsi le premier kagura mythique de l’histoire dont voici le résumé (selon Wikipedia) :
Selon la légende, Amaterasu et son frère Susanoo, kami de la mer et du vent, étaient rivaux (selon d’autres interprétations, Susanoo était simplement doté d’un caractère taquin qui, combiné à sa tristesse d’avoir perdu sa mère, le rendait particulièrement pénible). Aussi, lorsqu’il lui rendit visite, il y eut un long contentieux, à la suite duquel Amaterasu s’enferma dans une caverne céleste, cachant par la même occasion le Soleil pendant une longue période. Le monde se retrouva alors plongée dans une obscurité permanente, causant une grande douleur aux autres dieux et humains vivant sur Terre. Pour persuader Amaterasu de sortir de cette grotte, les dieux organisèrent un banquet au cours duquel Uzume, la déesse de l’Aube, entama une danse. Intriguée par les rires et les mensonges des dieux célestes (天津神 . あまつかみ, Amatsukami), prétendant lui avoir trouvé une remplaçante, Amaterasu poussa légèrement le grand roc bloquant l’entrée de sa caverne, puis éblouie par le miroir dans lequel elle se vit pour la première fois, elle fut tirée en dehors de la caverne par le dieu de la force, la prenant par la main, tandis que les autres dieux bloquaient l’entrée avec un (注連縄 / しめ縄 . しめなわ), une corde tressée sacrée.
Cette légende ayant été transmise oralement pendant plusieurs générations, il existe plusieurs variantes de celle-ci mais dans les grandes lignes, l’histoire est la même.
L’origine historique du kagura
Mythologiquement parlant, l’épisode de la déesse Amaterasu sortant de sa grotte grâce à la ruse des dieux est présenté comme étant à l’origine du premier kagura. Historiquement parlant, c’est une autre histoire.
Si les contes des dieux comme celui d’Amaterasu qui a été attiré hors de la grotte se retrouvent dans le Kojiki, nous pouvons facilement supposer qu’ils étaient populaires avant la publication de cet ouvrage. Il semble cependant que la première forme officielle de la danse de scène kagura ait vu le jour à la cour impériale dans les années qui ont suivi la publication du Kojiki. Peut-être comme un outil éducatif pour maintenir les anciennes traditions shintoïstes en vie à une époque où le bouddhisme chinois se propageait massivement au Japon.
Cependant, à partir de la cour impériale, le kagura s’est rapidement répandu dans les campagnes locales. Reprenant les pièces de théâtre impériales formelles à leur manière, les japonais les ont transformées en fêtes de village animées après les récoltes. Ces kagura portent le nom de 里神楽 . さとカグラ.
Une grande variété de formes de kagura s’est développée. À la cour impériale, ils étaient joués par des 巫女 . みこ , les servantes des sanctuaires shintoïstes. Les paysans ont sans doute suivi cette tradition en engageant des villageoises. Plus tard, à une époque plus prosaïque, probablement à l’époque d’Edo (1603-1868), le mauvais usage délibéré des costumes sur scène est devenu illégal.
Comme dans le cas du kabuki, les interprètes de kagura se sont transformés en groupes exclusivement masculins. Tous les personnages féminins sont alors joués par des interprètes masculins masqués.
Après l’ouverture du Japon à l’Occident, les traditions culturelles du Japon sont devenues un sujet important pour le gouvernement Meiji. Les traditions culturelles régionales devaient être réduites pour s’adapter au récit culturel national général. À la fin du 19ème siècle, des militants culturels nationalistes ont demandé à des kaguras ruraux locaux d’être réécrits afin de représenter correctement les légendes originales telles qu’elles sont décrites dans le Kojiki tout juste publié. Les danses kagura étaient considérées à l’époque comme des instruments éducatifs au service de la nation shintoïste. De nombreuses approches locales du kagura ont été perdues pendant cette période.
Les histoires de kagura dans leur grande majorité ont recommencé à fleurir après la fin de l’occupation américaine au début des années 1950.
En opposition au christianisme et à d’autres religions occidentales, la consommation d’alcool n’est pas un tabou dans la société japonaise. Le sake est une composante importante du shintoïsme et que certaines sectes du bouddhisme japonais autorisent même les moines à boire. L’alcool est présent depuis plusieurs millénaires sur l’archipel et fait d’ailleurs partie intégrante de nombreux rituels, revêtant un caractère sacré qui se manifeste même au niveau de la langue. Tous évènements heureux comme la naissance d’un enfant, un baptême, un mariage... sont tout autant des occasions de boire du sake et de mettre en avant cette boisson.
Vous vous souvenez des mots « super-honorifiques » que je vous ai donné en exemple dans la leçon sur le préfixe de politesse お ? Comment les préfixes お, ゴ et み sont utilisés ? Le mot お酒 . おさけ a lui aussi droit à sa forme « super-honorifique ». Ainsi, お酒 . おさけ devient 御神酒 . おみき. Et si vous observez bien la version en kanji, c’est le kanji de « dieu », 神, qui se prononce み car lorsqu’on veut mentionner le sake offert aux dieux, on prononce alors 御神酒 . おみき.
Il existe également d’autre type de sake qui ont une forme « super-honorifique ». Ainsi vous avez le shiromiki (白御酒 . しろみき) et le kuromiki (黒御酒 . くろみき). Certains sake, même s’ils n’ont pas une forme « super-honorifique », sont des spécialités régionales mises en avant lors des rituels. Ainsi, au sanctuaire de Katō à côté du château de Kumamoto dans la ville de Kumamoto, préfecture de Kumamoto, le saké rouge traditionnel local (赤酒 . あかざけ) est utilisé pour le 御神酒 . おみき.
Je peux enfin vous donner la dernière liste de mots :
御神酒 / お神酒 . おみき . Le vin sacré, le saké (offert aux dieux)
白酒 . しろき . le shiroki
黒酒 . くろき . le kuroki
白御酒 . しろみき . le shiromiki (mot super-honorifique)
黒御酒 . くろみき . le kuromiki (mot super-honorifique)
清酒 . すみざけ / セイシュ . le seishu, le saké clair, l’alcool raffiné
濁酒 . どぶろく / ダクシュ / ショウクシュ . le doburoku, l’alcool non raffiné
握り酒 . にごりざけ . le nigorizake, l’alcool non raffiné
赤酒 . あかざけ . le akazake, le saké rouge
Nous avons enfin fini avec les sanctuaires shintos. Bien sûr, je n’ai pas tout abordé ; le sujet est extrêmement vaste et il faudrait encore de longs paragraphes afin de décrire et d’analyser tout ce qui fait la richesse et la complexité de la religion shintoïste. Il y a quantité de choses dont j’aurais pu vous parler comme, par exemple, les prières. Il existe différentes catégories de prières mais je ne l’ai est pas citées. J’aurais aussi pu raconter beaucoup plus en détail l’histoire du kagura mais je ne l’ai pas fait non plus. Parce qu’il faut tout de même que nous avancions pour arriver jusqu’au bout.
Nous voici donc sur la toute dernière partie avant la conclusion et je vous présente le mot que l’on place en suffixe des noms de temples et sanctuaires étrangers: 神殿. Nous l’avons vu plus haut. Je vous redonne sa prononciation sino-japonaise :
神殿 . シンデン. Le bâtiment principal / (suffixe pour les noms de temples étrangers)
Ce mot peut être utilisé pour désigner le bâtiment principal dans les sanctuaires shintos même si l’on préférera utiliser 本殿 . ホンデン.
N’oubliez pas que tous les temples / sanctuaires étrangers au Japon ne prendront pas forcément le mot 神殿 en suffixe. Le bouddhisme, par exemple, a des temples présents dans beaucoup d’autres pays, notamment en Chine, en Corée du Sud, en Malaisie, en Thaïlande, en Birmanie, au Laos, au Népal, en Mongolie et au Cambodge. Ainsi, le temple d’Angkor situé au Cambodge est un temple bouddhiste. En japonais, il s’écrit :
アンコール寺院 . アンコールジイン. Le temple d’Angkor
Quand je dis que le mot 神殿 se place en suffixe des noms de temples et sanctuaires étrangers, je parle de tous les temples et sanctuaires autres que bouddhistes et shintoïstes. Les temples grecs de l’Antiquité par exemples prennent le mot 神殿 en suffixe.
Attention! Le Panthéon de Rome qui date du 1er siècle av. J-C et le Panthéon de Paris qui date du 18ème siècle ne prennent pas le mot 神殿 en suffixe. Ils s’écrivent simplement パンテオン.
Maintenant, quelques exemples :
アポロ神殿 . アポロシンデン. Le temple d’Apollon
アルテミス神殿 . アルテミスシンデン. Le temple d’Artémis
ユピテル神殿 . ユピテルシンデン. Le temple de Jupiter
Je pense avoir couvert le sujet sur les sanctuaires shintoïstes et la religion shintoïste en général. Il n’y a qu’un sujet que je n’ai pas développé dans ce cours : les talismans, aussi appelés « porte-bonheurs » ou « charmes de protection ». Et pour trois raisons. La première est que le sujet est tellement vaste que cela nécessiterait une leçon entière et ensuite, le vocabulaire est bien plus difficile à mémoriser. Enfin, ce cours est déjà assez long comme ça. Je pense donc réserver un cours complet sur les talismans, porte-bonheurs et autres babioles divines peut-être pour la troisième saison. Nous verrons bien.
Et bien sûr, vous avez des exercices à faire. Puisque tout ce que nous avons vu de nouveau aujourd’hui était surtout du vocabulaire, je vous donne comme d’habitude du thème et de la version. Dans les exercices, je n’utiliserai pas beaucoup le vocabulaire vu dans ce cours cependant, vous pourriez tout à fait retrouver ce vocabulaire dans d’autres exercices bien plus tard dans le programme. Les exercices contiennent plutôt un vocabulaire inédit avec des mots plus usuels. Je vous rassure tout de suite, ils ne sont pas difficiles à apprendre.
J’espère que ce cours vous aura encore aidé dans votre apprentissage et on se retrouve très bientôt !
Petite histoire du shintoïsme