DEUXIÈME SAISON - BRYAN MANGIN

La construction d’une phrase japonaise

Introduction

En japonais, il n’y a pas de genre, ni de nombre, ce qui veut dire que tous ce qui est masculin-féminin, singulier-pluriel, cela n’existe pas.
Prenons comme exemple le kanji . Tout seul, ce kanji peut aussi bien vouloir dire « le lapin », « la lapine », « les lapins », « les lapines ».
Prenons un autre exemple, le kanji . Tout seul, ce kanji peut aussi bien vouloir dire « le renard », « la renarde », « les renards », « les renardes ».
Un troisième exemple, le kanji . Tout seul, ce kanji peut aussi bien vouloir dire « le chien », « la chienne », « les chiens », « les chiennes ».
Enfin, un dernier exemple, le kanji . Tout seul, ce kanji peut aussi bien vouloir dire « le chat », « la chatte », « les chats », « les chattes ».
Le simple mot peut, selon le contexte de la phrase bien entendu, se traduire d’une de ces quatre façons car ces nuances n’existent pas en japonais. Bien sûr, si nécessaire, il y a moyen de préciser si le sujet (ici, un animal) est mâle ou femelle, ou s’il y en un / une ou plusieurs. Mais retenez que le mot tel quel peut vouloir dire tout cela.
En japonais, il n’y a pas d’articles définis et d’articles indéfinis, cela veut dire que l’idée de « un chien » ou « le chien » ou « des lapins » ou « des lapines » … Toutes ces choses n’existent pas en japonais.
C’est-à-dire que si nous prenons simplement le kanji de , en guise d’exemple, nous pourrions tout aussi bien le traduire par « le poisson » ou « un poisson » ou « des poissons » s’il y en a plusieurs.
Idem avec d’autres kanjis vus plus hauts (, , , ). Nous pourrions les traduire par « un lapin », « des lapins », « une lapine », « des lapines », « un renard », « des renards », « la renarde », « le chat », « les chats », « des chats ».
Allez, un dernier pour la route : . Tout seul, ce kanji peut aussi bien vouloir dire « l’éléphant », « un éléphant », « des éléphants ».
Avec tous ces exemples, vous avez certainement intégré ce premier point. Passons à la suite.

En japonais, il n’y a pas non plus d’adjectifs possessifs. Pour nous autres, francophones, nous avons dans la langue française, des adjectifs possessifs :
– Mon, ton, son
– Ma, ta, sa
– Mes, tes, ses
– Notre, votre, leur
– Nos, vos, leurs

Eh bien, en japonais, il n’existe aucun équivalent. Il existe bien l’idée de la possession mais elle ne s’exprime pas grâce à des adjectifs possessifs mais avec une particule : la particule . Nous verrons cette particule dans un autre cours. Retenez simplement cela pour l’instant.

Enfin, en japonais, il n’y a pas de conjugaisons, ni de temps, ni de modes… Oui, vous avez bien compris ! Il n’y a pas de conjugaisons et il n’y a pas de temps.
C’est-à-dire qu’en japonais le verbe ne va pas changer de conjugaison selon le pronom personnel. Il n’y a pas non plus de temps. Il n’y a pas de passé composé, d’imparfait, de plus-que-parfait, de passé simple…
Ainsi, toutes les difficultés de la conjugaison propre à la langue française, ça n’existe pas en japonais. À partir de cet instant, nous venons d’enlever au moins 70% des choses qui font la difficulté de la langue française.
Avant d’aller plus loin, j’aimerais qu’une chose soit bien claire. La langue japonaise n’est pas une langue difficile, loin de là. Tout ce dont vous avez besoin est une méthode optimale avec des leçons et des exercices à faire quotidiennement tous les jours. Et je dis bien tous les jours, c’est important. Je le répète : le japonais n’est pas difficile.
Si nous poussons un peu plus loin la comparaison avec le français, les phrases en japonais sont relativement courtes. Plus nous pouvons faire des phrases courtes et supprimer des éléments superflus, plus nous allons le faire. À l’inverse, en français, nous pouvons faire des phrases longues en rajoutant plein de petits mots pour montrer qu’on est bien français (ou québécois pour ceux et celles qui sont né au Québec). Oui, les phrases longues, nous adorons faire ça.
Bien évidemment, la langue japonaise a ses propres spécificités : des particules, des adverbes, des adjectifs qualificatifs invariables, des adjectifs qualificatifs variables… Tout cela, nous le verrons pas à pas.

Quelques différences entre français et japonais

Nous allons vouloir exprimer des phrases en français et les traduire en japonais. Il va être important de ne pas les traduire mot à mot. Quand nous faisons une traduction d’une langue à une autre, ce n’est pas la phrase que nous traduisons. C’est une idée.
Pour illustrer mon propos, prenons l’exemple suivant : « Je saute dans un taxi. »

Bon, à proprement parler, je ne « saute » pas dans un taxi. Dire que « je saute dans un taxi. » est une tournure de phrase propre à la langue française. L’idée que je veux traduire, c’est que « je monte dans un taxi. »
Je ne vais donc pas utiliser le verbe japonais « sauter » mais « monter dans un véhicule ». Pour le cas, il s’agit du verbe 乗る. のる.

Il est donc important de s’éloigner autant que nécessaire des mots français pour comprendre l’idée globale de la phrase et, ensuite, aller la récupérer en japonais. Pour la plupart d’entre vous, vous avez sans doute été amené à apprendre des langues occidentales telles que l’allemand, le finnois ou alors l’espagnol, le portugais, l’italien… Généralement, pour la majorité des langues occidentales, notamment l’espagnol, le portugais et l’italien, le système de construction de la phrase et le système de conjugaison sont pratiquement identiques à ceux du français – hormis bien entendu, quelques petites différences çà et là –.
Cela étant, ce sont toutes des langues qui se ressemblent énormément. Elles ont à peu de choses près la même grammaire, la même origine latine, nordique, grec… Ce sont des langues où nous pourrions presque traduire mot à mot bien qu’en général n’importe quel professeur de langues vous le dira : ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Je suis parfaitement d’accord, bien qu’il faille noter qu’au cours de l’apprentissage d’une langue occidentale, les occidentaux prennent cette habitude, un peu malgré eux, de traduire assez souvent mot pour mot les phrases d’une langue occidentale à une autre langue occidentale.
Prenons l’exemple ci-dessous :
FR : J’achète un gâteau d’anniversaire pour ma petite sœur dans une boulangerie.
ES : Yo compro un pastel de cumpleaños para mi pequeña hermana en una panadería.
PT : Eu compro um bolo de aniversário para minha irmãzinha numa padaria.
Vous remarquerez que tous les éléments de chacune des phrases sont traduient mot à mot. Bien entendu, cela ne fonctionne pas à tous les coups bien qu’entre langues occidentales, nous avons tendance à traduire ainsi.
Toutefois, la langue japonaise fonctionne différemment à tel point qu’il est pratiquement impossible de vous en sortir si vous tentez de traduire mot à mot. Vous n’y arriverez pas. Donc, si vous êtes habitué à faire de la traduction mot à mot, pour l’apprentissage du japonais, vous devrez impérativement vous défaire de cette habitude.
De toute façon, dès que nous commencerons à former nos premières phrases en japonais, vous comprendrez vite que le mot à mot n’est pas envisageable un seul instant.

Nos premières phrases en japonais

Bien, il est temps de commencer à former nos premières phrases en japonais !
Voici votre premier verbe en japonais avec laquelle nous allons beaucoup travailler : le verbe être de description.
En français, nous avons le verbe être qui peut signifier plusieurs choses.
Par exemple, si je dis :
Je suis un homme. → Je décris ce que je suis. C’est le verbe être de description.
Maintenant, si je dis :
Je suis dans la maison. → Je décris je suis. C’est le verbe être de présence.
En français, nous avons un seul verbe pour deux sens différents. En japonais, nous aurons DEUX verbes « être » différents selon le sens que nous voulons exprimer. Ainsi, pour l’instant, nous allons nous concentrer uniquement sur le verbe être de description qui, en japonais, se dit .
En japonais, le verbe est toujours à la fin de la phrase. C’est toujours le dernier mot de la phrase.
Ensuite, le verbe n’a pas besoin de sujet pour être utilisé. Il peut être utilisé tout seul.

Maintenant, imaginons que nous voulons créer notre première phrase (en partant du japonais pour aller vers le français) :
C’est un lapin.
Nous avons le mot « chien » et le verbe « être » à la fin. Une phrase très simple.
C’est un renard.
Nous avons le mot « renard » et le verbe « être » à la fin.
C’est un chat.
Nous avons le mot « chat » et le verbe « être » à la fin.
Maintenant, imaginons que nous voulons des phrases (en partant, cette fois-ci, du français pour aller vers le japonais). Nous n’allons pas traduire le « C’ », ni le déterminant « un ». Nous avons dit plus haut qu’ils ne traduisent pas en japonais. Nous prenons simplement le nom et le verbe, en gardant à l’esprit que le verbe se place toujours à la fin :
C’est un cheval.
Nous avons le mot « cheval » et le verbe « être » à la fin. Une phrase très simple.
C’est un oiseau.
Nous avons le mot « oiseau » et le verbe « être » à la fin.
C’est un insecte.
Nous avons le mot « insecte » et le verbe « être » à la fin.

Conclusion

Ouf! Voilà tout pour cette leçon.
Jusque-là, les phrases que nous avons vues sont ce qu’il y a de plus simple en japonais ; mais vous verrez, au fil des cours suivants, nous étudierons bien d’autres aspects de la langue japonaise et nous serons amené à construire des phrases de plus en plus complexes. Vous risquez donc fort de vous retrouver avec l’esprit embrouillé. Revenir en arrière dans les cours s’avèrera par moment nécessaire. N’hésitez pas à réviser quotidiennement les cours précédents.
Avant de poursuivre, un mot à propos de . Sa forme polie est です. Nous verrons plus en détail ce mot mais pour l’instant, sachez que dans tous nos exemples, nous utiliserons uniquement le mot .