Nous voici dans le tout premier cours de présentation du tout premier système d’écriture de la langue japonaise. Sachez d’ores et déjà que ce cours et ceux qui vont suivre dans cette première partie porteront tous sur un système d’écriture où nous allons à chaque fois décortiquer en détails tout ce qu’il y a à savoir sur chaque système d’écriture. Je vous les avais déjà présentés dans le cours précédent, nous verrons les hiragana, les katakana, les kanji, les rōmaji et les arabiasūji.
Pour aujourd’hui, dans ce cours, nous allons nous concentrer sur les hiragana. Alors, les hiragana, qu’est-ce que c’est ? Les hiragana sont un alphabet syllabique, on parle plus simplement de syllabaire. Chaque hiragana correspond à une syllabe, consonnes ou voyelles, et non pas à un son comme dans notre alphabet latin. Nous verrons plus en détails un peu plus tard à quoi ressemblent les syllabes des hiragana. Pour l’instant, je vous en mets quelques-uns au hasard :
あ a
い i
う u
か ka
き ki
ま ma
な na
に ni
ぬ nu
ね ne
の no
や ya
ゆ yu
Je l’ai mentionné dans le cours précédent sur l’écriture de la langue japonaise. Les hiragana sont issus de kanji. Souvenez-vous, je vous avais expliqué de manière très simple que les japonais ont recopié vite fait quelques bouts de kanji pour créer leurs fameuses syllabes avec beaucoup moins de traits pour plus de simplicité et ont posé leurs prononciations bien à eux sur ces syllabes nouvellement créées.
Je vous redonne ci-dessous quelques exemples d’hiragana qui sont des simplifications de kanji :
安 . あ
心 . し
計 . け
代 . む
毛 . も
Les hiragana sont classés dans un tableau, le tableau des hiragana, ce qui va nous permettre de les classer, de les répertorier et puis surtout de les apprendre. Je vous donne ci-dessous le tableau des hiragana avec la prononciation en rōmaji :
あ a
い i
う u
え e
お o
か ka
き ki
く ku
け ke
こ ko
さ sa
し shi
す su
せ se
そ so
た ta
ち chi
つ tsu
て te
と to
な na
に ni
ぬ nu
ね ne
の no
は ha
ひ hi
ふ fu
へ he
ほ ho
ま ma
み mi
む mu
め me
も mo
や ya
ゆ yu
よ yo
ら ra
り ri
る ru
れ re
ろ ro
わ wa
を wo / o
ん n
C’est un tableau à double entrée. Nous avons d’abord les colonnes des voyelles :
あ a
い i
う u
え e
お o
Et, en ligne, nous avons les consonnes (par exemple, les consonnes en い i ) :
い i
き ki
し shi
ち chi
に ni
ひ hi
み mi
り ri
C’est ainsi qu’est organisé le tableau des hiragana, et il est très important d’apprendre et de retenir ce tableau dans l’ordre dans lequel les hiragana sont classé. En fait, c’est exactement comme apprendre l’alphabet latin dans l’ordre : a, b, c, d, e, f, g, h, i… Vous devez apprendre le tableau des hiragana dans le bon ordre selon les colonnes des voyelles et des consonnes. Cela vous sera utile dans bien des situations. Par exemple, quand vous êtes dans une librairie et que vous cherchez un album de Black & Mortimer (j’adore cette série !), si vous parvenez à trouver les albums de Black & Mortimer, c’est grâce à un système de rangement par ordre alphabétique, et puisque vous connaissez l’alphabet latin, il vous suffit de chercher le « B » et vous trouvez ce que vous cherchez.
Avec les hiragana, c’est la même chose. Imaginons que vous êtes exactement dans le même cas de figure au Japon. Cette fois, vous cherchez un manga de One Piece. Vous allez chercher l’hiragana (ou le katakana) correspondant, et si vous connaissez sur le bout des doigts votre tableau des hiragana, vous le trouverez facilement.
Donc, apprendre par cœur le tableau des hiragana (et celui des katakana que nous verrons dans le cours suivant) est très important. Pour apprendre par cœur ce tableau, c’est vraiment du bourrage de crâne. Il n’y a aucune méthode particulière. Vous devez répéter encore et encore jusqu’à les mémoriser et, ne vous inquiétez pas, à force cela finira par rentrer.
Vous aurez remarqué que toutes les syllabes sont composées d’une consonne et d’une voyelle :
か kaK+A
こ koK+O
さ saS+A
す suS+U
て teT+E
と toT+O
な naN+A
Les seules syllabes, que nous, occidentaux, appelons des voyelles sont les suivantes : あ a, い i, う u, え e, お o. Ce sont les seuls cinq sons voyelliques qui existent en japonais. Réjouissez-vous car en français, nous avons seize sons voyelliques (douze voyelles orales et quatre voyelles nasales). Nous avons les sons « on » [ɔ̃], « ou » [u]…
Pour revenir sur le tableau des hiragana, vous remarquerez qu’à la fin, nous avons le ん n sur lequel nous reviendrons un peu plus tard.
Pour l’instant, voyons maintenant en détail ce tableau, ligne par ligne, et les particularités de prononciation de certaines syllabes :
あ a
い i
う u
え e
お o
Dans cette ligne, le う u peut se prononcer en japonais comme le son « ou » [u] en français ou la lettre « u » italienne qui se prononce exactement de la même façon. Cela dit, certains japonais le prononcent aussi [y], [ø] ou [œ]. Cette différence de prononciation peut dépendre de certains facteurs comme la région. Un tokyoïte ne parle pas avec le même accent qu’un okinawaïen par exemple. Globalement, pour les japonais, les sons [u], [y], [ø] ou [œ] sont exactement les mêmes, c’est aussi pour cela que les japonais qui veulent apprendre le français ont généralement beaucoup de mal à faire la distinction entre des mots comme "fleur" [œ] – « eu » ouvert – et "feu" [ø] – « eu » fermé –, des mots comme "dessus" « u » [y] et "dessous" « ou » [u]…
Voyons la suite :
か ka
き ki
く ku
け ke
こ ko
Pas de problème pour cette ligne, continuons :
さ sa
し shi
す su
せ se
そ so
Ici, nous avons le し shi car les japonais ont du mal à prononcer le son « si », ils disent plutôt « shi », voilà pourquoi nous avons un « h » pour que vous compreniez bien qu’il s’agit du son [ʃ]. Toutefois, gardez à l’esprit que l’idée est し shi . S+I.
Voyons la suite :
た ta
ち chi
つ tsu
て te
と to
Ici, nous avons le ち chi et つ tsu. Là encore, les japonais n’arrivent à prononcer « ti » et « tu » donc le ち chi se prononce « tchi » et le つ tsu se prononce « tsu » ou « tsou ». J’espère que vous comprenez.
Voyons la suite :
な na
に ni
ぬ nu
ね ne
の no
Rien de particulier à dire pour cette ligne.
Continuons :
は ha
ひ hi
ふ fu
へ he
ほ ho
Nous avons maintenant la ligne des « h ». Il faut savoir que le « h » japonais est expiré, ce que nous n’avons pas en français sauf pour dire « hop » ou « ha ! ». Pensez à bien expirer le « h » quand vous récitez cette ligne sinon cela ressemblera trop à あ a, い i, う u, え e, お o.
Vous aurez remarqué que nous avons le son ふ fu et non pas « hu » car les japonais n’arrivent à prononcer le « hu ».
Continuons :
ま ma
み mi
む mu
め me
も mo
Pas de problème pour cette ligne, continuons :
や ya
ゆ yu
よ yo
Ici, nous n’avons pas de « yi » et nous n’avons pas de « ye ». Ces deux sons n’existent pas en japonais.
Continuons :
ら ra
り ri
る ru
れ re
ろ ro
Notez que les syllabes de la ligne des R sont très légers, attention, ce ne sont pas des « r » roulé mais simplement des « r » très légers.
Nous sommes presque au bout, poursuivons :
わ wa
を wo / o
Ici, nous n’avons que deux syllabes pour la ligne des W. La syllabe を wo est très légère, les japonais ne prononcent pas un « wo » très marqué. De plus, ce hiragana est très peu utilisé en japonais et ne sert qu’à une seule chose : indiquer le COD (Complément d’Objet Direct) dans une phrase. Nous verrons tout cela dans la saison deux lorsque nous ferons la grammaire.
Pour votre culture générale, sachez qu’il a existé un hiragana ゐ (wi) et un hiragana ゑ (we) qui ont été supprimé lors d’une réforme de la langue japonaise dans les années 1900, ce qui date quand même ! La raison fut très simple, ces deux hiragana n’étaient plus du tout utilisé en japonais donc, puisque que les japonais n’en avaient plus besoin, ils les ont supprimés.
Enfin, pour finir, nous avons le ん n qui est simplement le son [n] comme dans le mot « man » (homme en anglais) où la syllabe ん n s’entend très légèrement.
Ce qui est important à savoir, c’est qu’une syllabe en japonais vaut un temps et toutes les syllabes en japonais ont la même valeur.
Je reprends un exemple que nous avions vu dans le cours précédent, le mot « katana ». Nous avons trois syllabes : « か », « た », « な ». Trois syllabes, trois temps. Il faut imaginer que la langue japonaise est un rythme et que les syllabes sont des notes qui font toute un temps. Je vous donne un autre exemple, le mot « akai ». Nous avons trois syllabes : « あ », « か », « い ». Trois temps, « akai » est l’adjectif qualificatif « rouge ».
Un autre, le mot « iki » qui veut dire « respiration, souffle ». Nous avons deux syllabes : « い », « き ».
Enfin, un dernier, le mot « onna » qui veut dire « femme ». Nous avons bien trois syllabes : « お », « ん », « な ».
Donc, retenez bien que toutes les syllabes japonaises font un temps, même la ligne de ce que nous, occidentaux, nous appelons les voyelles japonaises : あ a, い i, う u, え e, お o. Même le ん n équivaut à un temps entier dans la prononciation.
Concernant le tracé des hiragana comme celui des katakana, vous pouvez trouver sur Google Image des tableaux vous indiquant le tracé à suivre pour bien tracer les hiragana et les katakana (que nous verrons dans le cours suivant). Dans l’immédiat, concentrez-vous sur la prononciation de chaque syllabe. Apprenez à les reconnaître au premier coup d’œil et ensuite, entraînez-vous à les tracer en vous aidant d’un tableau adapté.
Pour l’anecdote, le tableau que je vous ai présenté et qui est le plus utilisé avec l’ordre syllabique à connaître s’appelle le « gojūonzu ». Il existe un autre tableau de syllabaire japonais qui se nomme « iroha » mais que nous ne verrons pas ici. Sachez simplement que ce tableau existe. Quoiqu’il en soit, concentrez-vous sur le tableau que je vous ai donné, le « gojūonzu ».
Bon, la question que beaucoup d’entre vous se posent certainement est bien celle-là. À quoi vont nous servir les hiragana ? Quelle sera leur fonction au sein de la langue japonaise ? Tout cela, nous le verrons petit à petit dans les cours suivants. Premièrement, ils vont nous servir à écrire la grammaire japonaise ou plutôt indiquer la fonction grammaticale des mots dans les phrases japonaises. Nous aurons des petits hiragana qui viendront se glisser entre les mots, que nous appellerons des particules et qui indiquerons s’il est sujet du verbe, s’il est COD ou COI… Tout un tas de choses très utiles, vous verrez. Tout cela concerne donc la grammaire, c’est-à-dire tout ce que nous verrons dans la saison deux du programme donc, pour l’instant, vous n’avez pas à vous en soucier, nous n’en sommes qu’au début de la saison un et il nous reste encore quantité de choses à voir avant la saison deux. Les hiragana vont également nous servir à écrire la terminaison des verbes et des adjectifs, ces terminaisons qui, selon certaines règles, seront amenées à changer. Je vous donne quelques exemples ci-dessous, juste pour que vous puissiez voir :
埋める
培う
嬉しい
Ce n’est pas important de comprendre ce que veulent dire ces verbes et adjectifs ci-dessus. Simplement, observez bien les hiragana qui suivent les kanji. On les appelle des okurigana, efforce-vous de retenir ce petit mot dans un coin de votre tête, nous en reparlerons quelques cours plus tard.
Pour finir, sachez qu’avec les hiragana, en général, nous pouvons écrire à peu près toute la langue japonaise. En hiragana, nous pouvons écrire tout ce que nous ne savons pas écrire en kanji. Bien évidemment, la langue japonaise s’écrit surtout en kanji mais les enfants japonais qui ne savent pas comment écrire certains mots en kanji vont les écrire en hiragana. C’est quelque chose qui se fait très souvent, nous pourrions d’ailleurs tout écrire en hiragana mais cela rendrait la phrase totalement inintelligible. Je vous donne ci-dessous un exemple de phrase entièrement rédigé en hiragana.
いぬはいぬごやのしたにほねをうめました。
Ce serait comme écrire une phrase en français sans mettre d’espaces entre les mots :
Lechienaenterrésonossouslaniche.
Cela devient rapidement illisible. Du coup, il est bien plus pratique d’utiliser des kanji :
犬は犬小屋の下に骨を埋めました。
Ce sera tout ! Pour les kanji, ne vous inquiétez pas, cela fait un petit peu peur au début mais une fois que vous aurez bien compris comment tout cela fonctionne, vous vous amuserez à jongler avec sans problème.
Ce cours est à présent terminé. Bien entendu, il y a encore certaines choses à voir concernant les hiragana autres que l’aspect grammatical que j’ai évoqué plus haut. Nous verrons un peu plus tard les quatre règles d’utilisation des kana où nous parlerons de tout un tas de chose qui nous permettra d’élargir notre horizon sur le sujet et d’exploiter à fond tout ce qu’il est possible de faire avec.
Pour l’instant, le plus important est de vous concentrer sur l’apprentissage des hiragana, à l’oral comme à l’écrit. Pratiquez encore, pratiquez souvent et tout cela finira par rentrer, je vous le garantis.
Je vous laisse maintenant à vos exercices, disponibles en bas de la page. Ces exercices consistent à évaluer si vous êtes capable d’écrire vos hiragana et de vous souvenir de leur prononciation.
Dans le premier exercice, je vous donne des hiragana et vous devez écrire la lecture en rōmaji à côté. Dans le second exercice, je vous donne la lecture en rōmaji et vous devez écrire l’hiragana correspondant à côté. Rien de compliqué donc, tout cela n’est que du par cœur.
Bonnes révisions à tous et à toutes.
Introduction